Lumières déroulées

“Lumières déroulées”,
2017, vidéo 12′
voir ci-dessous le texte expliquant 6 séquences de prise de vue dans un environnement nocturne

Différentes expériences sur des visions de lumières.


Projection photographique et filmique créée en 2017 pour l’exposition “Lumières” à l’espace Artmandat, Barjols


Montage photographique et vidéo en 6 séquences, 12’20″. Prises de vue dans un environnement nocturne. Intervention de la durée et du mouvement dans la vision photographique de la lumière. Quelles sources de lumière ? Quels temps de pose ? Quelles fréquences de la source ? Quelle vision pour le photographe, quelle vision pour l’appareil ? Quelles illusions ? Quelles réalités ? Réflexion sur les capacités de notre œil-cerveau comparées à celles d’un appareil.

En ce qui concerne les deux séquences “la ville “ et “l’autoroute”, le temps de pose pendant lequel les rayons de lumière vont s’additionner et se développer (dérouler) en continu est de plusieurs secondes. De plus, l’appareil photographique est soumis à ma propre vitesse (marcher ou rouler), ainsi qu’à des mouvements imposés par ma main (dessiner). L’image obtenue dépend donc de la durée d’ouverture, de la vitesse et du mouvement de l’appareil. A toutes ces données s’ajoute le hasard des fréquences des rayons lumineux : lampes à diodes, leds, néons, halogènes, incandescences, fluorescences, reflets de lumière qui traversent la pellicule. Le processus de prise de vue est donc en partie maîtrisé (temps de pose, sensibilité du film, diaphragme), en partie aléatoire (mouvements de l’appareil, cadrage, vitesses, fréquences, etc…). Comparer les images obtenues avec ma propre vision ou ma mémoire au même moment : la pellicule peut additionner le temps, notre cerveau, lui, peut traiter environ 18 images différentes par seconde qui s’enchaînent, il filme donc, et il ne peut additionner sur sa rétine (sauf effet fugace de rémanence rétinienne).

En ce qui concerne la séquence “Transparences revisitées”, (extrait ci-dessus), j’ai rephotographié l’écran sur lequel défilait ce film vidéo VHS créé en 1986 pour une installation exposée à Caen, Metz et Toulon. Ce film (20minutes) était l’aboutissement d’une recherche visuelle et symbolique du phénomène optique et cinétique de moirage (1976-1986). Dans cette installation le mouvement des trames colorées (rouge – vert – bleu, les trois couleurs primaires en système additif), leur superposition, la profondeur de champ et l’angle d’incidence de la lumière créaient des moirages – mirages. L’appareil photo en extrait aujourd’hui certaines séquences .

En ce qui concerne les trois séquences vidéo “la plage”, “la mer”, “le port”, j’ai voulu faire intervenir le facteur temps en adoptant trois vitesses de prise de vue ou de projection différentes : l’une proche de la réalité optique, une autre ralentie à 50%, la troisième accélérée à 200%. Il s’agit de clips sur les reflets de la lumière dans l’eau. La caméra est fixe. Seul le mouvement de l’eau définit les rayons lumineux qui ricochent . .

En conclusion, ce film nous donne à voir et à explorer le miracle de la lumière vue et interprétée
par notre cerveau… en concurrence avec la mémoire d’une pellicule.

Marie-Françoise Lequoy, 2017-2024