Exposition 2024
Présentation
Exposition MOLNAR-LEQUOY,
Galerie « Contenus débordants » du 23 mars au 19 avril 2024
11, rue César Vezzani 8300 TOULON
En hommage à mon amie Vera MOLNAR
Véra Molnar, artiste exceptionnelle, nous a quittés le 7 décembre.
J’ai fait sa connaissance en 1975, avant sa première exposition personnelle publique, en France, à l’Atelier de Recherche Esthétique, créé par l’artiste Mohamed Ataallah. à Caen. Nous deviendrons amies de cœur et d’art.
Pour préparer l’exposition présentée à la Galerie « Contenus débordants », je la rencontre à Paris le 5 décembre 2023… Véra allait avoir 100 ans et préparait une grande exposition personnelle au Musée Pompidou de Paris. Je lui explique le projet de la mise en regard de deux de nos œuvres, elle adhère et donne son accord. Je lui demande de préparer un petit texte. Malheureusement, le lendemain, mon amie et égérie Véra Molnar nous quittait .
Cette exposition eut lieu comme prévu et proposa à l’atelier-galerie de Marie-France Lejeune une rencontre, une mise en regard de deux œuvres graphiques sonorisées, toutes deux en longueur, l’une en zigzags aigus, pliée en accordéon, l’autre en ondulations douces, déroulée.
Les deux œuvres sont accompagnées chacune d’une composition musicale inédite, et ont été conçues par hasard la même année… Deux œuvres que tout oppose visuellement mais que tout rapproche également, car issues d’un processus né du hasard. “Sans queue ni tête” de Vera est né de la transformation algorithmique d’une ligne en segments, abstraits, déterminés par un algorithme ; “Onde nautique” est née d’un reflet de mât, éphémère, réel mais mis à l’horizontale et déformé par étirement Photoshop, jusqu’à se transformer en partition pour chant de sirène.
“Sans queue ni tête” de Vera est un multiple que j’ai acquis par souscription
“Onde Nautique” est un multiple que j’ai créé pour une exposition personnelle intitulée “Vibrer”, en 2017, invitée par la Galerie Format à Fox Amphoux
” Onde Nautique” : Photo-graphisme sur papier, 420cm x 12cm, 2014-2016Composition musicale de JB Mariage avec guitare, chant de Catherine Jauniaux, Boîte de map, contenant Onde nautique, CDrom, livret avec textes des auteurs et de Denyse Carmagnolle
Photographies

















Articles de presse

LIGNES DE FLOTTAISON
Par Lilyane Rose
Feu, air, lumière, eau. Des éléments intemporels dans la création artistique depuis toujours et aujourd’hui encore sources d’inspiration pour des artistes contemporains. Des « matières » informelles, des gageures plastiques. Comment s’emparer de l’insaisissable ? La plasticienne Marie-Françoise Lequoy qui expose actuellement à la galerie Format de Fox-Amphoux y a consacré toute une vie de réflexion et de recherche. Cependant, l’exposition « Vibrer » doit se voir non comme un aboutissement mais comme un moment dans son travail, une sorte d’arrêt sur image dont on soupçonne qu’il n’est pas définitif.
Vous avez dit insaisissable ? Comme c’est insais… ! Et si l’insaisissable était :
- Une surface?
Ce pourrait être un miroir, un de l’eau, ou ce qui se passe entre les lignes; - Une image ?
Celle flottante et évanouie des mâts de bateaux dans un port : une apparition plutôt qu’une apparence. - Une forme ?
Plutôt une ligne, des lignes qui se croisent et s’interfèrent, parfois en de fugitifs moirages, ou en labyrinthes. - Une couleur ?
Pas une seule (un bleu, un blanc ?), mais des jeux de vibrations, des interactions-chocs de contrastes qui irradient comme des néons, à la limite de la perception visulle. - Une dimension ? …?
Une piste peut-être du côté de Gaston Bachelard « En ce qui touche ma rêverie, ce n’est pas l’infini que je trouve dans l’eau, c’est la profondeur. »*
Il faut lire l’exposition comme un parcours de création artistique, comme un fragment d’une œuvre en cours, l’enregistrement d’un travail qui produit l’image. Quels cheminements nous conduisent-ils d’un album de photographies de mâts aux « carrés-induits-déduits-détruits » par exemple ?
Pour MF Lequoy, la réalité sert d’appui initial (événement dramatique d’un incendie, trames, petite pierre striée, tableaux de Caspar. D. Friedrich, entre autres). Ici, pour « Vibrer », les images réunies en deux albums ne sont pas manipulées : les reflets, les lignes perturbées des mâts, les couleurs improbables ne sont que des constats, bien sûr filtrés par l’œil d’une artiste. Car, si ces photographies recèlent en eux-même toutes les problématiques de son travail plastique, elles ne constituent qu’une matière première, une étape vers la dématérialisation des images via l’illisibilité, l’effacement, la disparition.*
Fragmentation, multiplication, éclatements, effets d’optique. Le regard du spectateur ne sait plus sur quoi se focaliser. Cependant, on n’est jamais dans l’informel. Malgré l’énergie chromatique libérée par le rouge et le vert ou le bleu et le noir, qui se contractent jusqu’à ce que leurs surfaces papillonnent et s’amenuisent, troublant la perception de leurs limites, quelque chose dans ce chaos empêche de se perdre totalement : ces images, issues du travail sur ordinateur, obéissent à une texture numérique, comme celles qui naissaient de la superposition des trames en singalette des premières expositions (1980). Dans ce grouillement d’énergies, différents ordres sont lisibles séparément. Un travail de dématérialisation dont naît paradoxalement une nouvelle matière, profilérante et en expansion.**
Notre monde moderne est obsédé par l’invisible ; tenter d’intégrer dans une œuvre plastique la perception de l’impalpable, de l’immatériel, peut aussi être une prise de conscience mystique d’un certain ordre de l’univers.
Comprendre pour apprécier une œuvre, retrouver le processus qui l’a engendrée : M.F. Lequoy nous invite, pour finir, à nous asseoir et prendre un moment afin de suivre le chemin visuel et sonore d’une des ces ondes marines. C’est comme si on ouvrait une boîte noire qui reconstitue le parcours, enregistre le temps et l’espace, en direct. Dans « la boîte », une ligne, une guitare (Jean-Sébastien Mariage) et une voix féminine (Catherine Jauniaux) se superposent en de mutuels contrepoints. Ultime tentative vers l’insaisissable, M.F Lequoy diminue la chose à regarder en restant toutefois dans le monde sensible, sans soustraire à la vue cette « ligne enfermée » chère à Piero Manzoni. Des ondes, ne subsistent que des lignes comme matériaux purs, qui se prolongent et se perpétuent d’une œuvre à l’autre, se dissolvent et se brisent. Des lignes qui ne limitent et ne délimitent rien.***
« Une ligne, on ne peut que la tracer à l’infini, en dehors de tout problème de composition ou de dimension – Dans l ‘espace total, il n’existe pas de dimensions… » Pier Manzoni
*« Reflets », photographies de reflets dans les ports, diverses propositions de présentation
** « Contrastes simultanés », infographies sur papier fine art
*** « Onde nautique », photo-graphisme sur papier, accompagné d’une composition musicale de Jean-Sébastien Mariage avec guitare et voix de Catherine Jauniaux, boîte noire de map, contenant livret avec textes des auteurs et de Denyse Carmagnolle, la composition photographique sur bande enroulée, le CD audio
**** Mezzanine de la galerie Format avec “onde nautique” déployée et sa boîte noire, au fond un contraste simultané
Lilyane Rose
A propos de la pièce intitulée « Onde Nautique » :
« MÉMOIRE D’ONDE »
Par Denyse Carmagnolle
Un long ruban blanc développe horizontalement l’enregistrement photographique d’un reflet aquatique dont l’onde, de sa naissance à sa disparition, écrit la trajectoire de sa vie en une série de vibrations noires, riches de lignes, de taches, de points, regroupés, entassés, relâchés, libérés, selon une linéarité étirée sur une longueur de quatre mètres vingt.
Les modulations visuelles de son rythme entraînent celles d’une musique, onde sonore à l’interprétation contemporaine inédite, dont la création fusionnelle déroule les sons d’une guitare et d’une voix féminine, sorte de glossolalie chantée au timbre ensorcelant.
Les vibrations graphiques de l’image et celles, sonores, de sa projection musicale réalisent en dix minutes l’osmose du temps de l’écoute et de celui de la lecture, temps qui est aussi celui de la durée de l’exposition. Tel un rouleau de parchemin de la mer Morte ou celui de la prière tibétaine, l’œuvre roulée puis déroulée révèle son ode secrète, flux et reflux d’une confidence qui n’a de fin que celle de se réfugier à l’intérieur d’une boîte noire carrée dans laquelle prennent place à la fois l’œuvre ré-enroulée, un CD audio et un livret.
Petit monde clos, silencieux et mystérieux, devenu une boîte-objet d’art dont le fonctionnement (fermé/ouvert, montré, inconu/connu) peut à la fois constituer la pièce artistique majeure au sein d’une installation ou être totalement autonome,
Une boîte, telle la chambre noire de l’appareil photographique, œuvre-objet au destin singulier, prête à ouvrir son espace du dedans, à libérer l’énergie contenue dans l’écriture des signes vibratoires du reflet et des sons, à s’aventurer en territoire inconnu, celui qui appartient au regardeur auditeur, espace de contemplation, d’écoute, de contemplation, de réflexion et de méditation.